À la découverte du savoir-faire sellier de la maison Hermès
À l’occasion du saut Hermès, une compétition internationale de saut d’obstacles organisée au Grand Palais éphémère en plein cœur de Paris, Papier a eu le privilège de rencontrer Charly Palmieri, responsable technique des ateliers Hermès et en charge du développement des nouvelles selles et Marie Lefeuvre, artisan-sellier chez Hermès. Avec passion, générosité et précision, ils nous ont conté les coulisses de leur métier.
Depuis 1837, chaque selle Hermès est entièrement conçue par un seul artisan. Le résultat de près de quarante heures de travail et d’attention pour une selle qui assure le bien-être du cheval et le confort du cavalier, pour leur permettre de réaliser une performance sportive optimale. Transmis de génération en génération, les techniques d’artisanat allient tradition et modernité pour donner vie à un objet de sport habillé des meilleurs cuirs.
Cela fait 12 ans que Charly Palmieri a rejoint la maison Hermès. D’abord à la maroquinerie, puis à la sellerie dans les ateliers du Faubourg Saint-Honoré et enfin au développement des selles aux côtés de Laurent Goblet, son prédécesseur. Depuis 3 ans, c’est désormais Charly Palmieri qui est responsable technique des deux ateliers, celui du Faubourg Saint-Honoré à Paris et celui de Louviers en Normandie où travaillent une trentaine d’artisans. «Je m’assure que les artisans-selliers maîtrisent et utilisent les mêmes techniques, respectent le cahier des charges afin que chaque modèle soit parfaitement réalisé.»
A seulement 32 ans, il met sa passion au service de la création de nouveaux modèles de selle ou encore la modification des modèles existants. Hermès propose à ce jour trois selles d’obstacle (Vivace, Cavale, Faubourg) et une selle de dressage (L’arpège). «Nos selles d’obstacle offrent trois positions complètement différentes : une au siège plat, une avec un siège semi creux et une au siège creux. La dernière-née est la selle Faubourg que j’ai eu la chance de créer.» Il semble légitime de lui demander comment une telle vocation est-elle née ? «J’ai un parcours assez atypique puisque je suis fauconnier. Travailler avec les rapaces était le métier auquel je me destinais et me viens de ma passion pour le spectacle équestre. Un jour, il a fallu que j’apprenne à faire les quelques points de couture pour réparer mon matériel de fauconnerie. C’est un ami sellier qui m’avait montré comment faire. Puis les cavaliers des spectacles m’ont demandé de réparer leur selle ou leur briderie et c’est comme ça que j’ai fait un premier pas dans la sellerie.»
Un bac professionnel de maroquinerie et un CAP de sellier harnacheur aux Haras du Pin en poche, Charly Palmieri rentre directement chez Hermès pour l’amour du cuir. En effet, le lien particulier qui unit l’artisan et la matière est significatif. «Le cuir, on peut tout en faire. C’est vraiment ce qui m’a attiré. On peut le mouler, le rendre très souple ou à l’inverse dur comme du bois, le couper, le lustrer.» Seul avec sa créativité et son envie d’apprendre, Charly expérimente et innove tout en s’appuyant sur des techniques traditionnelles. «Chez Hermès, on travaille encore comme il y a 50 ans, 60 ans, 100 ans… en améliorant nos techniques pour les rendre plus modernes tout en préservant et transmettant ce savoir-faire traditionnel et intemporel.» Mais Charly Palmieri n’est pas arrivé là par hasard. Son talent a été reconnu puisqu’il a été lauréat du concours Meilleur Ouvrier de France en bourrellerie, sellerie et harnachement.
Marie Lefeuvre, elle, est aussi artisan-sellier au sein de la maison Hermès. Elle œuvre dans l’atelier de Louviers en Normandie depuis plus de 3 ans. Ancienne monitrice d’auto-école, sa reconversion professionnelle lui a permis de redonner du sens à son métier. «J’avais besoin d’observer le fruit de mon travail, de pouvoir le regarder, le toucher. Je pense que j’avais vraiment besoin de m’engager dans un métier concret et utile. Je n’ai jamais été aussi heureuse dans mon travail.» révèle l’artisane qui exécute des mouvements rapides et précis nécessaires au montage d’une selle. «Là je suis partie de l’arçon seul, j’ai installé des sangles que j’ai tendues et que je suis en train de coudre ici. Une fois que j’aurais fini, je vais commencer à créer la forme de siège, on appelle ça un faux siège. C’est à ce moment-là que la selle va commencer à prendre vie.» détaille Marie Lefeuvre.
Le temps d’un week-end, les démonstrations des artisans-selliers ont permis d’apercevoir l’exigence et la beauté du savoir-faire sellier. La qualité des peaux, la créativité des artisans et la noblesse des gestes rappellent à quel point créer un objet utile et durable a du sens.
